En route pour l'écriture Inclusive - 2e Partie - Définition - De quoi parle t'on ?
SPOILER ALERT : PROFANE apprenti compagnon maître
S’il fallait donner une définition.
On fait souvent l’amalgame entre langage épicène, langage inclusif ou encore langage neutre. Ma tâche ici sera donc déjà de définir sur quoi portent mes propos. Il y a une logique toute différente, en fonction des langues sur la notion d’inclusion. L’écriture inclusive provient de l’expression anglaise « Inclusive Writing ». Cette dernière est une composante, certain·es diraient variantes, du langage inclusif « Inclusive Langage » L’objectif au départ comme le souligne Manesse est « d’inclure toutes les personnes qui peuvent se sentir non représentées par une désignation qu’il s’agisse de sexe, d’ethnicité ou de religion »[1]. Ce qui nous occupe ici du coup, c’est le statut de sexe ou de genre (voir un point complet sur un autre billet du site ici). La partie immergée à laquelle s’attaque le langage inclusif est la sur-représentation du masculin dans les énoncés censés parler de la population mixte ou s’adresser aux femmes.
Deux stratégies émergent ainsi pour atteindre cet objectif : la neutralisation et la visibilisation. Ces stratégies sont variables en fonction des langues et des pays. Par exemple, en France, la logique proposée est de rendre une visibilité accrue au genre féminin quand en Angleterre par exemple, la logique est de neutraliser. C’est bien là la différence entre l’épicène et l’inclusif, nous le reverrons.
En pratique
L’écriture inclusive donc, c’est des « attentions syntaxiques et lexicales (…) qui sont de nature linguistique mais également des propositions graphiques » [2]. Tout ceci comprend des procédés aussi variés que :
- l’utilisation de la double flexion (madame monsieur, française français),
- l’accord de proximité (on accorde avec le dernier substantif),
- des modifications dans les énumérations (alphabétiques, majorité),
- le fait de renoncer au masculin générique,
- quelques néologismes (ielles, toustes),
- des modifications sémiotiques (comme le point médian « · »),
- l’utilisation de termes collectifs plutôt que de termes uni sexe (le monde agricole, la paysannerie)…
Nous verrons plus en détail dans la 8e partie les stratégies misent en place.
Le Manuel d’écriture Inclusive [3] (MEI) édité en octobre 2016, et soutenu par le secrétariat d’état pour l’égalité entre les hommes et les femmes[4] propose 3 conventions :
- accorder en genre les noms de fonctions, grades, métiers et titres,
- user du féminin et du masculin, que ce soit par l’énumération par ordre alphabétique, l’usage d’un point médian, ou le recours aux termes épicènes,
- ne plus employer les antonomases du nom commun « Femme » et « Homme ».
Pourquoi cette volonté sociétale ? J’ai trouvé extrêmement compliqué de mettre en évidence la naissance du questionnement inclusif. Les avis semblent partagés sur cette émergence. Un dénominateur commun des thèses avancées se retrouve dans les questionnements autour de l’égalité homme/femme. Sans entrer dans les détails des travaux de Héritier ou Bourdieu, il est question ici de la domination des hommes, qui semble universelle quelque soit l’ethnie et la culture. Elle ne se retrouve pas en reste quand il s’agit de l’écriture quant, au XVIIe siècle, les grammairiens semblent avoir codifiés et édictés des règles en fonction de cette domination ou tout du moins de la « noblesse » du genre masculin. [5] Pour le Manuel d’écriture Inclusive [6] la langue serait sexiste ce qui aurait une influence psycho-sociale.
Objectif : visibiliser les femmes.
Dans les années 70, un travail est réalisé sur les noms de métier qui pour certain·es, étaient toujours occupés par des hommes. Les femmes ayant eu accès à ces postes, il a fallut faire quelque chos. Auparavant, ambassadrice ou députée était là pour signaler la femme de l’ambassadeur ou du député, pas le poste. Le Canada (et oui nous ne sommes pas les détenteurs unique de la langue française) a ainsi en 1984 féminisé les titres. Pour autant, selon Viennot, ces mots existaient pourtant déjà dans la langue française avant ce grand chambardement des grammairiens. [7] Des circulaires de 1986 (Fabius), 1998 (Jospin), 2012 (Fillon) et plus récemment (Philippe) ont permis une progression est un retour aux dénominations féminines.
Alors l’épicène, c’est vraiment la même chose ?
La langue française possède des noms qui ne varient pas : on les appelle épicènes. Ce ne sont pas des termes neutres, ce sont des mots non marqués en genre qu’on appelle « commun » dans une autre langue dont le seul environnement linguistique permet de savoir si cela porte sur des hommes ou des femmes (enfant, journaliste, dermatologue). Ainsi le langage inclusif n’est pas l’épicène puisqu’il s’agit ici d’identifier un individu (tiens un terme épicène).
Mais tout le monde n’est pas d’accord !
J’ai consacré une fiche complète ici à un détracteur proclamé de l’écriture inclusive. Certain·es y voient une « opération de communication politique partisane et nom de l’émergence spontanée d’un intérêt pour la question de grammaire »[8] . D’autres considèrent qu’une langue n’est la création de personne, n’est décidée que par l’usage, et ces changements se font toujours dans l’intérêt des usagers.[9] Concernant la sémiotique, la mise en place de l’écriture inclusive dans la langue se traduit par l’apparition dans la chaîne écrite de signes supplémentaires qui accroissent la quantité des éléments non prononcés, il s’agit donc d’une complication de l’orthographe. On retrouve des signes détournés leur usage habituel. La majuscule au centre du mot tranche avec son usage à l’initial et le tiret à la fin d’un mot ne sépare plus deux éléments liés. [10]
Deux stratégies émergent ainsi pour atteindre cet objectif : la neutralisation et la visibilisation. Ces stratégies sont variables en fonction des langues et des pays. Par exemple, en France, la logique proposée est de rendre une visibilité accrue au genre féminin quand en Angleterre par exemple, la logique est de neutraliser. C’est bien là la différence entre l’épicène et l’inclusif, nous le reverrons.
En pratique
L’écriture inclusive donc, c’est des « attentions syntaxiques et lexicales (…) qui sont de nature linguistique mais également des propositions graphiques » [2]. Tout ceci comprend des procédés aussi variés que :
- l’utilisation de la double flexion (madame monsieur, française français),
- l’accord de proximité (on accorde avec le dernier substantif),
- des modifications dans les énumérations (alphabétiques, majorité),
- le fait de renoncer au masculin générique,
- quelques néologismes (ielles, toustes),
- des modifications sémiotiques (comme le point médian « · »),
- l’utilisation de termes collectifs plutôt que de termes uni sexe (le monde agricole, la paysannerie)…
Nous verrons plus en détail dans la 8e partie les stratégies misent en place.
Le Manuel d’écriture Inclusive [3] (MEI) édité en octobre 2016, et soutenu par le secrétariat d’état pour l’égalité entre les hommes et les femmes[4] propose 3 conventions :
- accorder en genre les noms de fonctions, grades, métiers et titres,
- user du féminin et du masculin, que ce soit par l’énumération par ordre alphabétique, l’usage d’un point médian, ou le recours aux termes épicènes,
- ne plus employer les antonomases du nom commun « Femme » et « Homme ».
Pourquoi cette volonté sociétale ? J’ai trouvé extrêmement compliqué de mettre en évidence la naissance du questionnement inclusif. Les avis semblent partagés sur cette émergence. Un dénominateur commun des thèses avancées se retrouve dans les questionnements autour de l’égalité homme/femme. Sans entrer dans les détails des travaux de Héritier ou Bourdieu, il est question ici de la domination des hommes, qui semble universelle quelque soit l’ethnie et la culture. Elle ne se retrouve pas en reste quand il s’agit de l’écriture quant, au XVIIe siècle, les grammairiens semblent avoir codifiés et édictés des règles en fonction de cette domination ou tout du moins de la « noblesse » du genre masculin. [5] Pour le Manuel d’écriture Inclusive [6] la langue serait sexiste ce qui aurait une influence psycho-sociale.
Objectif : visibiliser les femmes.
Dans les années 70, un travail est réalisé sur les noms de métier qui pour certain·es, étaient toujours occupés par des hommes. Les femmes ayant eu accès à ces postes, il a fallut faire quelque chos. Auparavant, ambassadrice ou députée était là pour signaler la femme de l’ambassadeur ou du député, pas le poste. Le Canada (et oui nous ne sommes pas les détenteurs unique de la langue française) a ainsi en 1984 féminisé les titres. Pour autant, selon Viennot, ces mots existaient pourtant déjà dans la langue française avant ce grand chambardement des grammairiens. [7] Des circulaires de 1986 (Fabius), 1998 (Jospin), 2012 (Fillon) et plus récemment (Philippe) ont permis une progression est un retour aux dénominations féminines.
Alors l’épicène, c’est vraiment la même chose ?
La langue française possède des noms qui ne varient pas : on les appelle épicènes. Ce ne sont pas des termes neutres, ce sont des mots non marqués en genre qu’on appelle « commun » dans une autre langue dont le seul environnement linguistique permet de savoir si cela porte sur des hommes ou des femmes (enfant, journaliste, dermatologue). Ainsi le langage inclusif n’est pas l’épicène puisqu’il s’agit ici d’identifier un individu (tiens un terme épicène).
Mais tout le monde n’est pas d’accord !
J’ai consacré une fiche complète ici à un détracteur proclamé de l’écriture inclusive. Certain·es y voient une « opération de communication politique partisane et nom de l’émergence spontanée d’un intérêt pour la question de grammaire »[8] . D’autres considèrent qu’une langue n’est la création de personne, n’est décidée que par l’usage, et ces changements se font toujours dans l’intérêt des usagers.[9] Concernant la sémiotique, la mise en place de l’écriture inclusive dans la langue se traduit par l’apparition dans la chaîne écrite de signes supplémentaires qui accroissent la quantité des éléments non prononcés, il s’agit donc d’une complication de l’orthographe. On retrouve des signes détournés leur usage habituel. La majuscule au centre du mot tranche avec son usage à l’initial et le tiret à la fin d’un mot ne sépare plus deux éléments liés. [10]
Voyons maintenant quelques éléments historiques... Direction la 3e partie
Adelphiquement vôtres...
1er Partie – Introduction.
2e Partie – De quoi parle t’on ?
3e Partie – Un brin d’histoire.
4e Partie – Et la science dans tout ça ?
5e Partie – Un péril mortel ?
6e Partie – Pourquoi c’est un important ?
7e Partie – La Franc-Maçonnerie pas en reste.
8e Partie – En pratique comment on fait - Conclusion.
[1] Le féminin le masculin dans la langue. L’écriture inclusive en questions . Sous la direction de Danielle Manesse et Gilles Siouffi
[2] Ibid p.28
[3]https://www.univ-tlse3.fr/medias/fichier/manuel-decriture_1482308453426-pdf
[4] https://www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr/initiative/manuel-decriture-inclusive/
[5] Le fameux “masculine l’emporte sur le feminin” viendrait de cette prétendue noblesse du genre.
[6]https://www.univ-tlse3.fr/medias/fichier/manuel-decriture_1482308453426-pdf
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