Planche symbolique de Compagnon - 1er voyage – Fais tes valises déjà, on parle de bouger ensuite !

SPOILER ALERT : profane    apprenti    COMPAGNON    maître






Après un retard certain, me voici à la tâche pour mon premier voyage et force (mon 1er surveillant si tu m’entend) est de constater que ce premier périple n’est pas très dépaysant. On dirait presque que je n’ai pas bougé. J’ai dans mes valises un maillet et un ciseau. Les mêmes outils qu’au 1er degré. En tant qu’Apprenti, hasard heureux (ou pas d’ailleurs), je n’avais pas pris le temps d’explorer ces outils. Assez incroyable d’ailleurs, c’est qu’au moment où j’écris ces lignes, je suis confiné à cause du Covid-19.  
En tant que Franc-Maçon, je me dois de chercher des liens, de travailler les symboles et ici, je prends pleinement conscience qu’avant de partir, il me faut encore préparer mon voyage. Le coup de sort, mon confinement, me rappelle ce cabinet de réflexion, et le VITRIOL, cette pierre brute qu’il me faut maintenant transformer en pierre cubique. Après avoir mobilisé mes aspérités, me voici au début de ma tâche et pour ça mes deux outils me seront bien utiles.  
Ce premier voyage est là pour me rappeler que le travail commence tout juste, et qu’il n’est probablement jamais fini. Avant de partir aux quatre coins du monde, la première étape c’est ici et maintenant, se poser pour réfléchir encore un peu à soi. Tournons nous d’abord vers ces deux outils.  
Le maillet
Comme ça, à froid, le maillet m’évoque directement la force, la puissance d’action. On pourra l’appeler motivation ou envie. Il s’agit pour moi de feu intérieur qui nous donne notre énergie. En cherchant un peu, on le retrouve à trois endroits dans la loge, sur chacun des pupitres, mais également posé sur les pierres au pied du plateau. Il nous donne vigueur quand nous l’utilisons, au tribunal il sonne le glas, explosion sonore, onde invisible qui se transmet dans l’espace pour atteindre nos tympans, mais également onde physique qui se transmet à notre corps lorsque nous frappons. Il impose son rythme aux tenues, nous permet d’en reconnaître le grade. Thor et Héphaïstos l’utilisent, pour la création et la destruction. Le maillet seul pourtant, n’est pas suffisant pour tailler sa pierre. Il risquerait de la faire exploser par son déchainement. Nous avons besoin du ciseau.  
Le ciseau
Ce ciseau, qui se place entre le maillet et la pierre est le guide, l’applicateur. Précis, droit et sincère, il est impuissant seul mais sublime l’action du maillet. Il concentre et oriente sa puissance pour taper juste. Ainsi il est le vecteur de la réalisation. En fonction de son orientation, il impose à la pierre brute un remodelage, une idée, un sens et une direction. Chacune de nos aspérités nécessite ainsi cette attention.  
Et ensemble ?
Mis ensemble, ces deux outils combinent la force de la conviction et la justesse du discernement. Ils se complètent car l’un sans l’autre, la tâche ne serait pas possible. Trop de force dispersée, pas assez de puissance conduite. Nous sommes en plein dans la maîtrise de soi, maîtrise qui me fait par ailleurs encore défaut. Si le silence était un garde-fou pour l’apprenti, les prises de parole du compagnon se font sans filet. Il faut donc apprendre à se mesurer, dans ses pensées et dans ses actes, au sein du temple ou dans la vie profane. Voilà pourquoi, je chemine dans mon premier voyage, qui ce passe en moi, ici dans mon confinement personnel. Je continue ainsi de tailler ma pierre pour la transformer, encore, pour perfectionner cet art de la taille.  
Les 5 sens
Dans ce premier voyage, un focus est réalisé sur la sensorialité. Encore un message en direction de l’introspection. Le silence aidait l’apprenti à se centrer sur ses 5 sens. Le compagnon, dans son premier voyage, ultime rappel s’il en est de son passage à un degré supérieur doit aussi se concentrer sur ces sens.  
L’ouïe – L’éther
Sens de l’écoute et de l’entendement. Je le travaille depuis tout jeune étant musicien. J’ai appris à écouter, pas seulement à entendre. Mais il y a une nette différence entre les instruments, la musique et l’autre. Un instrument répond à des codes, une tessiture, une gamme, un genre, une matière. Une personne c’est une voix, une intonation, un timbre, un rythme mais aussi un verbe, un sens. L’agencement des phrases seul n’est pas suffisant pour comprendre l’autre. Parfois le caché s’exprime au travers la sémantique comme les mots utilisés pour se reconnaître. Ils pénètrent par vibration notre oreille, cette spirale s’enroulant tel un nombre d’or sur un tympan qui sait transformer un tremblement en message. L’alchimie du sens c’est l’éther, la somme de tous les autres éléments. Ce que l’on ne peut pas toucher, la quintessence.  
La vue – Le feu
Sens de l’observation, évidemment, mais pas seulement. Comme l’ouïe, on peut regarder et voir. On peut être actif, tourné vers l’objet ou recevoir sans effort. L’apprenti, tel un réceptacle se chargeait de voir. Le compagnon, par son parcours et ses voyages va observer pour saisir le reste. L’enseignement opératif et spéculatif se fait par l’observation, c’est l’essence même du compagnonnage. Pour reproduire ensuite les gestuelles, les techniques. La clairvoyance, qualité à développer pour saisir le monde de manière différente, plus juste peut être, avec lucidité et discernement, afin d’en saisir les signes. C’est également la contemplation, reconnaissance du beau et du grand.  
Le toucher – La terre
Etre touché c’est montrer des qualités d’empathie, en parvenant à se positionner à la place d’autrui. Comment l’être autrement qu’en étant à l’écoute. Toucher, au sens littéral, c’est accéder au matériel, à la rugosité du monde, ou encore à sa beauté. Poser la main sur une roche sculptée, sur un instrument précieux, sur un arbre légendaire. Un accès direct au temps qui passe. Les objets restent avec leur histoire, comme les œuvres des uns et des autres quand nous ne faisons que passer. Pour tenter de laisser quelque chose ? Je ne crois pas. Pour plutôt essayer d’infléchir vers le bon, vers le juste, de toucher l’autre. Toucher c’est également reconnaître et être reconnu, en passant par la matière. C’est enfin le tact, la finesse et la tempérance.  
L’odorat – L’air
Peut être le sens le moins présent en maçonnerie. C’est l’odeur des bougies qu’on éteint. La fragrance primitive de nos premières minutes de vie. Ne dit-on pas que les bébés s’enivrent et reconnaissent leurs parents puisqu’ils présentent une immaturité des autres sens. Avoir du nez, quelle belle trouvaille. J’en ai eu un peu en rentrant en maçonnerie. Je ne pensais pas autant en profiter. Le discernement et le flair sont les qualités des raisonnables plus que des passioné·es.  
Le goût – L’eau
Sens primordial pour moi. Je suis un gourmand un peu gourmet. Je me régale et me délecte des mets. Je cherche et je médite sur ces saveurs. Tel le héros de Taniguchi, devant une assiette servie, je me prépare à passer un moment délicieux. Ce manga, le gourmet solitaire, m’aura beaucoup marqué car quel moment, celui où l’on est seul avec son plat à deviner ce qui s’y trouve. A comprendre la composition, cette alchimie des sens qui soulèvera parfois un souvenir touchant. Une madeleine de Proust à la demande pour un peu qu’on veuille jouer le jeu de l’introspection gustative. Car la vie n’est pas qu’amertume, elle est aussi ressource pour l’avenir. Descendre en soi et retrouver des moments heureux est le carburant du bonheur en devenir.

Un·e franc-maçon·ne est en quête de ce bonheur intérieur, en se changeant, l’amélioration du monde semble possible.

Adelphiquement votre...



Mes 5 voyages
3e voyage - Avril 2020
4e voyage - Mai 2020
5e voyage - Juin 2020

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