En route pour l'écriture inclusive - 8e partie - En pratique ça donne quoi ?



8e Partie – En pratique comment on fait - Conclusion

Ultime partie de ce travail, je vous propose quelques informations pratiques sur comment implémenter de l’inclusion dans vos écrits.

 

Tout d’abord, quelques remarques à la volée.  

Est il possible d’être inclusif dans un texte. Plusieurs essais ont déjà été réalisés[1][2]. Certains romans, comme l’école de soignantes de Wincler, où tout est féminisé. L’excellent La Sécu, les vautours et moi[3], propose quant à lui de passer au féminin au milieu de l’essai (le livre étant écrit sous la forme d’un dialogue, c’est plutôt simple et ça passe bien). Au delà du style d’écriture, on pourra aussi citer les propositions de nouvelles graphies (alphabet épicène de Tristan Bartolini [4][5]) voir même les romans sans lettre en émoticône (Une histoire sans mots de Xu Bing[6]). Des tentatives qui questionne le mode d’expression et qui vont dans le sens de plus de représentativité à l’écrit.



Les 7 commandements de l’écriture inclusive


Voici 7 propositions issues des différents supports glanés et retrouvés sur la toile et dans la littérature. J’ai essayé de les ranger dans l’ordre de praticité ou facilité. A noter, l’écriture inclusive n’est qu’un pan du langage inclusif. Vous trouverez également ici et là des articles pour une écriture plus inclusive.

1. Pratiquer la double flexion  

La double flexion est un usage très courant. Il consiste à énoncer les femmes et les hommes pour montrer qu’on s’intéresse à tout le monde. En faisant ainsi, on donne une visibilité aux deux sexes, condition sine qua non pour que les deux genres reste à l’esprit.

Quelques exemples : Mesdames, messieurs, Française Français…

 

2. Le point médian

Après plusieurs tâtonnements, divers et variés, le point médian semble émerger comme une solution pour l’inclusion. Comme l’explique Viennot[7], il semble être le meilleur candidat car pas utilisé dans notre langue. Il était inconnu jusque peu donc pas connoté. Une meilleure alternative que les parenthèses qui indiquent un propos secondaire (connotation négative), la barre oblique qui connote une division, et le E majuscule (connotation positive). [8]

En pratique voici comment procéder : Le mot masculin (car il est plus court dans la majorité des cas) + point médian + suffixe féminin. Un s devra être ajouté sans espace pour ne pas surcharger la sémiotique.

Quelques exemples : patient·es, étudiant·e

Il est recommandé d’utiliser le point médian seulement dans le cas où les termes féminins et masculins sont très semblables, qu’une à deux lettres les différencie. En cas de différences trop importantes, il est conseillé à l’écrit soit la double flexion, soit l’utilisation de la barre oblique.

Exemple : lecteur/trice, auteur/trice

Pour convertir un point médian à l’oral, il faudra lire sous la forme d’une double flexion. A celle et ceux qui trouverai à y redire d’un point de vue de la lisibilité, je vous rappelle que dans certaines associations, nous parvenons à nous habituer à non pas 1, ni 2 mais 3 points. D’autre part, tout le monde sait prononcer Mr. Ou Mme. à l’oral.

 

3. Utiliser l’accord de proximité et/ou l’accord majorité.

Il existe deux alternatives à l’axiome « le masculin l’emporte sur le féminin ». Rappelons qu’initialement, l’accord de proximité s’appliquait sans peine et que cet usage disparu suite aux positionnements de quelques grammairiens considèrant le genre masculin plus noble. Voyons ces deux possibilités s’offrant à nous.

L’accord de proximité consiste à accorder avec le mot le plus proche quand à l’accord de majorité, il consiste à réalisés l’accord en fonction du nombre[9]. Ces accords ne porte pas que sur les adjectifs, mais également sur les verbes et les pronoms[10].

On entendra par exemple : « Les frères et les sœurs sont belles » ou « les sœurs et les frères sont forts » en fonction de qui est proche du verbe. De même « un mur et des barrières vertes » [11] choquera moins qu’ « un mur et des barrières verts ».

 

4. Utiliser des substantifs féminins de personnes

J’ai suffisamment exposé la féminisation des noms métiers dans les précédentes parties pour ne pas revenir sur la nécessité d’une telle action. Outre que cela permettra la au femmes de se projeter dans des modèles, les substantifs féminins existent depuis le moyen-âge[12] . Il n’y a donc aucune raison d’effacer discursivement cette présence.

Quelques exemple : autrice, académicienne, agente, professeure, chercheuse, Madame la présidente, sœur trésorière.



5. Quelques néologismes

La langue évolue en permanence par l’usage que l’on en fait. Les créations, nouveaux mots, nouvelles formes sont monnaie courante : internet, blog, adulescence, ubériser, antivax… Entre 100 et 200 nouveaux mots entrent dans les dictionnaires tous les ans. Pour ce qui est des métiers, on pourra citer « slalomeuse », « surfeuse », « bloggeuses » qui ont été crées sans difficulté. Pour les pronoms, il pourrait en être de même : citons les mots « toustes » et « ielles », mots valises de « tous et toutes » et « ils et elles » que vous avez déjà probablement entendus. D’autre néologismes moins courant comme celleux pourraient à terme s’imposer pour celles et ceux.[13] Comme évoqué précédemment, la Suède a adopté en 2015 un pronom neutre « en ». Serais-ce la solution ?

 

6. Renoncer à la révérence masculine

Cela touche à plusieurs parties du discours. Tout d’abord, face à une assemblée, nous nous croyons dans l’obligation de nous adresser au masculin quand il y a des hommes. Pourtant, une règle simple, dîtes de la majorité pourraient s’appliquer. Une majorité de femme et nous pourrions dire bienvenue à toutes. Si cela vous choque, posez vous la question pourquoi l’inverse ne serait pas choquant ?

Il conviendrait également de veiller à éliminer toutes expressions sexistes : en bon père de famille, chef de famille, mademoiselle…



7. Supprimer le masculin universel – et inversement.

Remplacer Homme par Humain serait une belle avancée. Cela n’enlèverait rien à personne. Comme rappelé dans le guide pour une communication non sexiste, [14] « n’oublions pas que le mot « homme » dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen française a longtemps servi à écarter juridiquement les femmes du droit de vote. Les rédacteurs de la Déclaration onusienne de 1949 voulaient mettre « Man Rights » et ce fut la seule femme présente, Eleanor Roosevelt, qui se battit pour qu’ils adoptent « Human Rights », afin de couvrir les droits des femmes. Expression que la France traduit à tort par « Droits de l’homme », contrairement au Québec fran-cophone par exemple qui écrit « Droits de la personne humaine ». »

De même, il conviendrait également de ne pas parler de « La Femme » qui n’existe pas si ce n’est dans nos stéréotypes mais « des femmes ».



En conclusion

Comment conclure ce travail qui m’aura demandé une année de lecture et de réflexions en tout genre (sans jeux de mots). J’avais souhaité porter mon attention sur le sujet car étant profane, je voulais comprendre cette mode de « l’écriture inclusive ». Je dois avouer qu’au départ, je ne saisissais pas trop l’intérêt immédiat de tels procédés. Je suis convaincu aujourd’hui, que les mots forgent une partie des pensées et des représentations que nous pourrions avoir. L’inclusif, c’est penser aux autres en plus de soi, c’est porter son regard sur l’humain plutôt que sur l’homme, c’est questionner la place des femmes dans nos sociétés et interroger nos stéréotypes de genre. C’est penser l’égalité pour ouvrir la voix à l’altérité. C’est à dire accueillir la part de l’autre, sans dissoudre la sienne pour y ajouter quelque chose. On ne cherche pas sa moitié, on cherche son autre.



Adelphiquement vôtres...


1er Partie – Introduction.

2e Partie – De quoi parle t’on ?

3e Partie – Un brin d’histoire.

4e Partie – Et la science dans tout ça ?

5e Partie – Un péril mortel ?

6e Partie – Pourquoi c’est un important ?

7e Partie – La Franc-Maçonnerie pas en reste.

8e Partie – En pratique comment on fait - Conclusion.








[1] Batir aussi. Atelier de l’Antémonde.
[2] Requiem, Alpheratz. https://www.alpheratz.fr/litterature/
[3] Monvoisin R, Pinsault N. La Sécu, les vautours et moi. P 204
[4] https://www.franceculture.fr/design/lalphabet-epicene-de-tristan-bartolini
[5] https://etapes.com/avec-linclusif-ve-tristan-bartolini-remporte-le-prix-art-humanite/
[6] https://www.chapitre.com/BOOK/xu-bing/une-histoire-sans-mots,58832564.aspx
[7] Le langage Inclusif : Pourquoi, Comment Eliane Viennot
[8] Manuel d’écriture inclusive. Faîtes progresser l’égalité femmes-hommes par votre manière d’écrire. Haddad. Agence mots-clés.
[9] Ibid
[10] Le langage Inclusif : Pourquoi, Comment Eliane Viennot
[11]https://lamaconne.over-blog.com/2020/08/ecriture-inclusive-feminisation-contre-le-sexisme.html
[12] Manuel d’écriture inclusive. Faîtes progresser l’égalité femmes-hommes par votre manière d’écrire. Haddad. Agence mots-clés.
[13] https://lessalopettes.wordpress.com/2017/09/27/petit-guide-pratique-de-lecriture-inclusive/
[14] Pour une communication publique sans stéréotype de sexe – Guide pratique Haut conseil de l’égalité entre les femmes et les hommes

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