Planche Symbolique de Compagnon - La lettre G

SPOILER ALERT : profane    apprenti    COMPAGNON    maître






La lettre G

Je pourrais démarrer cette planche avec l’évidence : Le G est la septième lettre de l’alphabet entre le F et le H. Ca nous fait une belle jambe pour une lettre qui n’en a pas (vous êtes prévenu, je suis chaud bouillant). Quand on écrème quelques bonnes adresses en ligne, on tombe sur une farandole de sens. Je propose ici de revenir de manière non exhaustive sur quelques interprétations, pour proposer par la suite une vision toute personnelle du G.

Le premier contact du compagnon avec la lettre G se fait par association directe à l’étoile flamboyante. C’est en son sein que nous retrouvons ce symbole. Nous comprenons ainsi qu’il y a une probable proximité à rechercher entre les 5 branches et la lettre. On notera par ailleurs qu’elle est placée au centre de celle-ci, pas décalé ni surplombante. Comme le dirait Mainguy[1], elle est le feu intérieur correspondant à l’être régénéré ayant réalisé l’harmonie de lui-même. Tout un programme.

En tant que C:., cette lettre G, il nous faut « la connaître », comme l’indique le tuilage de degré. Pour moi cette lettre nous montre que derrière un symbole, il y a une multitude de signifiés, leitmotiv du grade en question. On retrouve ainsi le principe du symbolisme qui se pense en grade, en strate, où chaque nouvelle étape franchie nous permet de comprendre différemment le signe étudié.



Historique et écriture.
D’un point de vue purement académique, si l’on s’en réfère à l’histoire, la lettre G trouve son origine au 3e siècle avant notre ère, née de la déformation de la lettre C, venant du grec de Gamma qui présente un intérêt tout particulier.

Le gamma majuscule (Г) à la forme d’une équerre, symbole de la rectitude morale, représentation de la grande Ourse. Au fil des saisons, par déplacement successif, cette Grande Ourse, via ses quatre gamma, forme un swastika. Au centre de ce dernier figure le pôle céleste, héritage de traditions ancestrales : nous avons notre étoile polaire.

Le gamma minuscule (Ɣ) symbolise le signe du bélier et le soleil. Nous retrouvons ici la notion de feu, qui, nous le verrons par la suite aura un impact sur la symbolique divine : Voici la flamboyance.

Sur le plan maçonnique, la lettre n’apparaît pas avant 1737 dans les rituels[2]. J’ai retrouvé multitude de sens pour la lettre. Il semblerait toutefois que traditionnellement, les loges anglaises défendent une version dîtes « God » alors que les loges françaises y voient la « Géométrie ».



G pour God

« Le nom de quelqu’un qui est plus grand que vous »

« Stand for God »

Notre GADLU à nous, la quintessence de la grande unité ? Dans la tradition anglaise, le sens de la lettre G ne fait aucun doute. Le grand dessein est là. Toutefois des auteurs comme Boucher ou Plantagnet mettent en doute ce sens dans la mesure où l’ésotérisme d’un symbole hermétique ne peut trouver son sens dans un mot moderne. Réné Guenon[3] établit un lien entre la lettre G dont la position polaire (voir précédemment) et le Iod Hébraique. En chinois l’étoile polaire est appelée Tai-i, le I étant le premier nom de Dieu. Le swastika, symbolique de l’étoile polaire comme le G, est le siège effectif du soleil central caché de l’univers Iah. Le G ne semble donc pas en lien avec Dieu mais plutôt avec l’époque opérative, ou la mention de dieu n’existait pas. Si ce n’est comme « Grand Géomètre de L’Univers ».


G pour Géométrie – ou la 5e science

« Nul n’entre ici s’il est géomètre, Nul n’en demeure s’il n’est que géomètre. » Platon

Certains auteurs s’accordent pour dire que les plus anciens manuscrits issus de la maçonnerie opérative identifient le terme de « Geométrie ». Art du trait, 5e pilier des arts libéraux, la géométrie rend l’esprit plus juste et plus droit. Littéralement, le terme signifie « science de la mesure de la terre ». La signification de la terre ici s’entend au sens de terre primordiale, le cabinet de réflexion n’est pas loin. On comprend que la géométrie est l’art de faire des investigations, l’art de la mesure, l’art royal.

Dans la mesure où le FM tentent de construire son temple intérieur, il a besoin de connaître et de mesurer les différents matériaux dont il est susceptible d’avoir besoin. Ainsi, la géométrie, comme bras outillé de la pensée, permet un passage de l’abstrait au concret. Elle renvoie directement aux outils nécessaires, au tracé, à la mesure. Elle est donc synonyme de connaissance de soi, au sens connaissance de la substance fondamentale de l’être. Apprendre à utiliser l’équerre, la règle et le compas voici un beau programme pour un compagnon.


G pour Génération

« La Génération est la force vitale perpétuant la vie. »

D’un point de vue personnel, la génération m’évoque spontanément la transmission. Ce fil tendu entre les êtres humains, dans la filiation génétique mais également dans la filiation anthropologique

La génétique : Symbolique de la transmission directe, par l’information d’un capital commun, mais aussi par les mutations d’une évolution nécessaire à l’amélioration. La mémoire génétique et l’épi génétique. L’équilibre entre le dedans, le noyau du VITRIOL sur le dehors, les rencontres, l’altérité.

L’anthropologie : Les FM sont FF et SS, qui se reconnaissent pour tel.lle.s, crée.e.s, reçu.e.s et constitué.e.s lors d’une initiation commune qui à vu leurs naissance. Echangeant à nouveau une mémoire, la mémoire, transmettant des valeurs, de l’amour fraternel au cours de cette chaine d’union qui nous lie. C’est à la fois un devoir et une responsabilité.


G pour Gravitation

« le phénomène selon lequel tous les corps matériels s'attirent réciproquement de façon proportionnelle à leur masse et inversement proportionnelle au carré de leur distance. » (Larousse)

La première pensée qui me vient est le fil à plomb. Sa lourdeur introspective du premier degré. Mais au second, je pense qu’il faut y voir le lien entre les FF et SS. Cette force qui nous rapproche et nous soude. J’ai pu lire également la gravitation comme la force primordiale, née du Big Bang, qui relie les sphères, molécules et atomes et qui régit les mouvements et l’équilibre de la matière. Cette gravitation pourrait être la fraternité qui nous soude, avec nos aspirations communes. Expliquant l’attraction partagée pour construire un temple pour demain.

Remarque singulière, la gravitation me renvoie également à Newton, l’un des premiers à avoir permis l’acceptation du concept de loi scientifique. Et à cette époque, les lois scientifique était les lois de la nature, l’œuvre de Dieu, voici le G.

« Dans la nuit se cachait la Nature et ses lois : Dieu dit, Que newton soit ! Et la lumière fut. » (Hawking 2014)[4]
Voir aussi un autre billet du blog ici 


G pour Génie

« L’unique différence entre un fou et moi, c’est que moi je ne suis pas fou » (Dali)

Le génie, c’est exceller dans un domaine et être capable de faire ou produire des choses qu’un être ordinaire ne pourrait faire que difficilement. Si historiquement le terme remonte à une époque aristotélicienne, où il avait une connotation positive, en ce qui me concerne, le génie ne s’entend pas forcément dans le sens de la moralité. On peut être un génie de la connerie (un exemple célèbre comme Trump suffit à illustrer la quintessence géniale de l’homme, traité ici) comme un génie du mal. Le talent, comme le blanc et le noir, n’a pas de camp.

Pour un compagnon, le génie c’est aller dans le sens de l’excellence noble, c’est laisser libre cours à son intuition, c’est construire un temple à sa mesure avec tous les outils du géomètre, c’est laisser son inspiration s’exprimer dans son art, c’est s’appuyer sur les épaules de géants qui nous ont précédé pour voir plus loin.


G pour Gnose et Graal
Gnosis c’est connaître. La gnose questionne notre rapport aux divinités pour améliorer la connaissance de nous même. Et répondre à la question : qui sommes nous ? Une entité divine est elle nécessaire pour expliquer tout cela ? C’est donc de l’intra personnel, un rappel à l’introspection. Notre capacité à réfléchir par nous-mêmes, à nous-mêmes. Le Graal est tout proche, cette quête initiatique autour de la coupe qui recueillie le sang du Christ. VITRIOL alchimique, certains auteurs l’associe au sel même si Guénon considère ce rapport artificiel voir fantaisiste[5]


Ma lecture, Mon symbole, Mon G
Une planche symbolique ne présente un intérêt que si elle propose une vision singulière. En me questionnant, j’ai essayé de trouver ce qu’évoquait la lettre G pour moi. J’ai pensé d’abord à la note musicale. Il s’agit du Sol, 5e note de musique. Au départ j’ai même recherché une symbolique avec sa traduction anglaise Sol/Ground, ça tombait juste. On pourrait ainsi développer une réflexion autour de la gravité, et donc faire un lien avec d’autre sens de la lettre G. Le fil à plomb, les pieds au sol… Et puis c’est ce sol qui a donné une belle arabesque à chaque début de portée, ne ressemble t’elle donc pas à un lac d’amour.

Seulement, en creusant, cela ne marche pas. Le Sol provient d’une chanson latine et fût entre autre utilisé au XI siècle pour faciliter le chant[6]. La lettre G musicale provient elle de beaucoup plus loin, au VI siècle, au cours duquel une simplification est réalisée : les 15 première lettres de l’alphabet deviennent les 15 première notes ascendantes. Je ne peux donc pas rattacher cette note à la musique, qui reste également un art, le 6e en l’occurrence si on en croit la présentation des arts libéraux.

Sur sa forme, et en plissant les yeux, le G est un cercle, brisé par une perpendiculaire, n’y voyez vous pas un compas et une équerre ? Ou encore un escargot s’enroulant sur un nombre doré ? Une spiral centré sur un point ? Un fœtus pour la génération ?

Si le pentacle représente l’homme, merci Leonard DV, alors la lettre G est en son centre, son Hara, comme on pourrait dire dans les arts martiaux japonais.[7] On retrouve ici la quintessence de l’être humain, le lieu à travailler pour trouver puissance et inspiration dans son art. Son centre de gravité, ses tripes (Gut en anglais… tiens tiens) pour cette lettre trônant au milieu du tablier de maître. En le portant sur soi, pile à l’endroit du seppuku, c’est une responsabilité de chaque tenue, un puits sans fond où pêcher notre énergie créatrice. Le centre de gravité, c’est également là où tout s’applique, notre nombril, ou se retrouve ego, lien filial, cicatrice laissée pas le châtiment divin, ingéniosité et nombre d’or.
 
Adelphiquement votre...




[1] Irene Mainguy, La franc Maçonnerie du 3e millénaire.
[2] Oswald Wirth Mystères de l’art Royal. (1931)
[3] René Guenon. Symbole de la science sacrée. P. 115
[4] Y a-t-il un grand architecte de l’Univers ? Par Stephen Hawking et Leonard Mlodinow
[5] René Guenon. Symbole de la science sacrée. P. 116
[6] https://www.francemusique.fr/musique-classique/mais-d-ou-vient-le-nom-des-notes-65
[7] Le Hara est situé à 3 centimètre sous le nombril, doit toujours être maintenu en tension durant les techniques de karaté.

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