Fiche de Lecture / Critique - Psychologie de la connerie.
SPOILER ALERT : PROFANE apprenti compagnon maître
Fiche de Lecture / Critique - Psychologie de la connerie
Fiche de Lecture / Critique - Psychologie de la connerie
Note : Le Connard nommé ici est utilisé sous la forme épicène. Il désigne tout aussi bien un genre masculin que féminin.
Voici un bien joli livre que j’ai découvert par hasard sur le haut d’une étagère chez mon libraire préféré. Le titre racoleur « Psychologie de la connerie » ainsi que son 4e de couverture m’ont de suite parlé et inspiré deux observations. En Franc-maçonnerie, nous travaillons sur nous dans un objectif d’être un peu moins con d’une part ; et, je crois, que nous tentons également de combattre la connerie humaine au sens large. L’occasion était donc trop belle pour laisser passer ce recueil plein de peps et de légèreté.
Présentation des auteurs
Jean-François Marmion est psychologue de formation, rédacteur en chef du « Cercle Psy » et journaliste au magazine « Sciences Humaines ». A l’initiative de ce projet phare qui se veut travailler de manière large sur la notion de bêtise (restons mesurés tant que nous le pouvons). L’ouvrage se présente sous la forme de petits essais écrits par différentes personnalités de tout bord, célèbres ou non (tout du moins par moi). Le tout entrecoupé d’interviews, de définitions, et de mises au point. On retrouvera en vrac des auteurs comme Daniel Kahneman, Nicolas Gaudrit, Patrick Moreau, Antonio Damasio, Jean Cottraux, Edgar Morin… En bref, le livre enchaîne les mini-interventions de manière plus ou moins logique, ce qui est à la fois fort agréable puisque qu’on manie plusieurs fois les mêmes concepts, mais un peu déstabilisant car difficile parfois de suivre le fil conducteur. L’ouvrage donne l’impression d’une réunion entre copains où chacun donne son point de vue sans qu’un cap bien net soit donné.
Qu’est ce qu’un connard ?
Un connard est un être de notre quotidien que nous avons tous déjà croisé. Il est sûr de lui, inébranlable dans sa connerie, et certain de son bon droit. Il construit sa connaissance sur des croyances. Ainsi, il considère maîtriser les différents champs et discipline et même si ça n’est pas le cas, il ment, trompe volontairement sans se soucier de la vérité. Il aime le bullshit, la connerie, le fake et la post-vérité. Il excelle dans la capacité à croire tout et n’importe quoi (p. 21). D’un point de vue extérieur donc, un con est celui dont on juge que l’intelligence est réduite, et l’horizon mental limité (p. 33). Il est celui qui vous double dans la fil d’attente, se sentant plus riche, plus beau et plus malin que les autres : il juge alors sont temps plus précieux (p. 47). Si vous l’interpellez, il n’en a cure, à partir du moment où vous ne comprenez pas qu’il est extraordinaire, vous ne méritez pas son attention. Il faut noter qu’un connard ne l’est pas forcément dans tous les domaines, certains spécimens rares le sont pourtant : le connard intégral (ex donné, Staline ou Trump) inspire respect et admiration par sa maîtrise de l’art de la connerie malgré la féroce compétition de ses pairs. Le connard simple aime les dualités, le vrai/faux, ne tolère pas la contradiction et abonde dans les tautologies (« les affaires sont les affaires », « un juif est un juif », « un sou est un sou »). Il peut également être dépourvu d’intelligence émotionnelle. Un narcissique qui vit dans sa bulle, enfermé dans sa connerie (p.192). Parfois égoïste, le connard narcissique des réseaux sociaux, qui joue l’exhibitionniste sur la toile à grands posts d’auto-promotion, insulte ou critique âprement celles et ceux qui se dressent sur sa route (p.200) (nb: par ailleurs des chapitres entiers consacrés aux réseaux sociaux et à la méchanceté).
Il convient de préciser un point intéréssant ici. J’ai toujours pensé que le terme con provenait du sexe féminin, et devant cet argument, mes papilles féministes se mettaient en émoi. Seulement le terme con pourrait aussi provenir de « coïnnerie » (Académie Française 1832-35) qui signifie couillonerie venant de « coïn ». Son étymologie renvoie donc au sexe féminin et masculin – balle au centre.
Vous avez dit bullshit et post-vérité ?
Terme utilisé pour la première fois en 1992 par Frankfurt, le bullshit est un type de discours qui consiste littéralement à dire n’importe quoi sans se soucier de savoir si c’est vrai ou faux. La forme typique est le bavardage mondain ou du café du commerce (p.61). Clarification importante, le bullshiteur n’est pas un menteur qui s’appuie sur le vrai, il s'en moque. L’essence du bullshit est une indifférence à l’égard de la vérité, c’est mépriser les règles du vrai et du faux. La « post-vérité » quant à elle désigne les circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d’influence pour former l’opinion publique que l’appel à l’émotion et aux croyances personnelles. En soi, on peut présenter ça comme la suspicion complotiste. Cette remise en question permanente des propos tenus avec comme seul argument l’appel à l’émotion.
Voici un bien joli livre que j’ai découvert par hasard sur le haut d’une étagère chez mon libraire préféré. Le titre racoleur « Psychologie de la connerie » ainsi que son 4e de couverture m’ont de suite parlé et inspiré deux observations. En Franc-maçonnerie, nous travaillons sur nous dans un objectif d’être un peu moins con d’une part ; et, je crois, que nous tentons également de combattre la connerie humaine au sens large. L’occasion était donc trop belle pour laisser passer ce recueil plein de peps et de légèreté.
Présentation des auteurs
Jean-François Marmion est psychologue de formation, rédacteur en chef du « Cercle Psy » et journaliste au magazine « Sciences Humaines ». A l’initiative de ce projet phare qui se veut travailler de manière large sur la notion de bêtise (restons mesurés tant que nous le pouvons). L’ouvrage se présente sous la forme de petits essais écrits par différentes personnalités de tout bord, célèbres ou non (tout du moins par moi). Le tout entrecoupé d’interviews, de définitions, et de mises au point. On retrouvera en vrac des auteurs comme Daniel Kahneman, Nicolas Gaudrit, Patrick Moreau, Antonio Damasio, Jean Cottraux, Edgar Morin… En bref, le livre enchaîne les mini-interventions de manière plus ou moins logique, ce qui est à la fois fort agréable puisque qu’on manie plusieurs fois les mêmes concepts, mais un peu déstabilisant car difficile parfois de suivre le fil conducteur. L’ouvrage donne l’impression d’une réunion entre copains où chacun donne son point de vue sans qu’un cap bien net soit donné.
Qu’est ce qu’un connard ?
Un connard est un être de notre quotidien que nous avons tous déjà croisé. Il est sûr de lui, inébranlable dans sa connerie, et certain de son bon droit. Il construit sa connaissance sur des croyances. Ainsi, il considère maîtriser les différents champs et discipline et même si ça n’est pas le cas, il ment, trompe volontairement sans se soucier de la vérité. Il aime le bullshit, la connerie, le fake et la post-vérité. Il excelle dans la capacité à croire tout et n’importe quoi (p. 21). D’un point de vue extérieur donc, un con est celui dont on juge que l’intelligence est réduite, et l’horizon mental limité (p. 33). Il est celui qui vous double dans la fil d’attente, se sentant plus riche, plus beau et plus malin que les autres : il juge alors sont temps plus précieux (p. 47). Si vous l’interpellez, il n’en a cure, à partir du moment où vous ne comprenez pas qu’il est extraordinaire, vous ne méritez pas son attention. Il faut noter qu’un connard ne l’est pas forcément dans tous les domaines, certains spécimens rares le sont pourtant : le connard intégral (ex donné, Staline ou Trump) inspire respect et admiration par sa maîtrise de l’art de la connerie malgré la féroce compétition de ses pairs. Le connard simple aime les dualités, le vrai/faux, ne tolère pas la contradiction et abonde dans les tautologies (« les affaires sont les affaires », « un juif est un juif », « un sou est un sou »). Il peut également être dépourvu d’intelligence émotionnelle. Un narcissique qui vit dans sa bulle, enfermé dans sa connerie (p.192). Parfois égoïste, le connard narcissique des réseaux sociaux, qui joue l’exhibitionniste sur la toile à grands posts d’auto-promotion, insulte ou critique âprement celles et ceux qui se dressent sur sa route (p.200) (nb: par ailleurs des chapitres entiers consacrés aux réseaux sociaux et à la méchanceté).
Il convient de préciser un point intéréssant ici. J’ai toujours pensé que le terme con provenait du sexe féminin, et devant cet argument, mes papilles féministes se mettaient en émoi. Seulement le terme con pourrait aussi provenir de « coïnnerie » (Académie Française 1832-35) qui signifie couillonerie venant de « coïn ». Son étymologie renvoie donc au sexe féminin et masculin – balle au centre.
Vous avez dit bullshit et post-vérité ?
Terme utilisé pour la première fois en 1992 par Frankfurt, le bullshit est un type de discours qui consiste littéralement à dire n’importe quoi sans se soucier de savoir si c’est vrai ou faux. La forme typique est le bavardage mondain ou du café du commerce (p.61). Clarification importante, le bullshiteur n’est pas un menteur qui s’appuie sur le vrai, il s'en moque. L’essence du bullshit est une indifférence à l’égard de la vérité, c’est mépriser les règles du vrai et du faux. La « post-vérité » quant à elle désigne les circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d’influence pour former l’opinion publique que l’appel à l’émotion et aux croyances personnelles. En soi, on peut présenter ça comme la suspicion complotiste. Cette remise en question permanente des propos tenus avec comme seul argument l’appel à l’émotion.
Pour en finir avec ce panorama, je pense qu’évoquer l’assymétrie du bullshit (p. 257) est nécessaire. Les bullshits peuvent être produits à grande échelle, facilement, par n’importe qui, et à peu de frais. Alors que les personnes aptes et déterminées à les déboulonner sont peu nombreuses et doivent y consacrer un effort important. Dans ces conditions, le piège se referme et les bullshits perdurent et survivent à la manière d’une boule de neige qui grossit au fur et à mesure qu’elle dévale la pente.
Quelles sont les différentes classes de connard ? (p. 33) Quels degrés pour la bêtise ?
Au jeu des 7 familles de la connerie, le livre semble amener une proposition de classification par degré de stupidité.
L’arriéré, le débile, l’idiot, le bête, l’imbécile – Il s’agit de la bêtise pesante au bas de l’échelle. On parle de manque d’intelligence ici, de QI sous la moyenne (Alfred Binet et Théodore Simon, initiateur du test de QI). Au passage les mots débiles et arriérés sont abandonnés aujourd’hui au profit de « handicap » ou de « retard ». Nous trouvons également dans cette catégorie l’idiot du village. Grand naïf, toujours gentil et souriant, symbolisé dans la culture pop par le personnage de Simplet (Blanche Neige et les 7 nains).
Les Beaufs – Ils sont bêtes, méchants, racistes, et égoïstes, sans nuances, obtus, binaires. Si l’idiot du village était bête et gentil, le beauf est la synthèse de la bêtise et de la méchanceté. Il prend des boucs émissaires (les migrants, les noirs, les arabes) pour expliquer ses problèmes.
Le connard intelligent – L’intelligence n’évite pas le risque, au contraire, elle peut contribuer à la connerie en mettant dans le crâne de l'élu qu’il est au dessus de la mêlée. Le con malin est celui qui dans un domaine se considère comme supérieur au autres. Il use de sophisme et heuristique sans s'en rendre compte mais n'est pas pour autant dénué de culture dans le champs qui l'intéresse. Il utilise la validation subjective et les biais de confirmation de manière efficace et précise.
Le connard intégral – qui excelle partout, dans tous les domaines, qui frôle le génie, qui manie la perversion narcissique de main de maître. Ils sont rares, brillant, brutaux voire violent.
Comment devenir un connard ?
Sans apporter une réponse définitive, l’ouvrage semble mettre en cause le passage à l'âge adulte. Les enfants semblent dépourvus de conneries qui apparaît par petite touche à l’adolescence pour se pérenniser à l’âge adulte. Toutefois, devenir un connard n’est pas la même que de jouer au con, qui peut d’ailleurs s’avérer bien utile socialement ou pour abuser du con, du vrai. Quelques conseils toutefois sont distillé ici et là pour devenir plus con. Renforcer ses certitudes, vivre en autarcie dans le même champ social et professionnel, donner son avis sur tout, surtout sur ce que l’on ne connait pas. J’ai ici la certitude que le débat maçonnique peut éviter cela… ou suis-je déjà en train de sombrer…
Comment s’en immuniser ?
A la question peut-on changer un connard, les différents auteurs semblent malheureusement pessimistes. Le connard est souvent tellement retranché dans sa connerie qu’il ne changera pas (p.48). Peut être à l’orée d’une crise existentielle éventuellement ou d’un accident, il peut se ressaisir un peu. En tout état de cause, il vaut mieux ne pas s’en mêler (Aaron James). Certains argueraient qu’une intelligence élevée nous immunise de la connerie. Thalmann, en milieu d’ouvrage explique que stupidité et intelligence n’ont absolument rien à voir. On peut être intelligent, voir haut potentiel, et pour autant faire des choses idiotes. Tout cela dépend en réalité de nos biais (voir après), auxquels même les plus « malins » d’entre nous sont exposés. Alors que faire ? Développer son esprit critique ? De la même façon, la pensée critique n’est pas l’intelligence, la pensée critique est une façon de surmonter toutes sortes de biais cognitives et préjugées mais elle n’est jamais parfaite.
Donc, si on ne peux pas éviter la connerie, peut être pouvons nous au moins vivre avec elle en toute sérénité : L’acceptation inconditionnelle de soi, la méditation pleine conscience et l’auto-compassion (p.359) peuvent nous aider à cela. L’objectif est en nous acceptant sans réserve et sans condition de devenir plus résilient à nos conneries.
Au final, un moyen possible pour se prémunir de la connerie serait d’améliorer sa culture. Plus on est cultivé, plus on a accès à des idées complexes et plus on se protège nous-même de notre bêtise.
Le biais et la connerie.
Nous sommes victimes au quotidien de nombreux biais et sophismes. Nous ne sommes ni logiciens, ni statisticiens naturels, très mauvais avec le hasard. Daniel Kahneman (prix Nobel d’économie) a mis en évidence les raisonnements intuitifs que nous mettons en œuvre au quotidien : les heuristiques. Une heuristique est une déduction automatique et approximative mais pas forcément fausse. Ces systèmes nous permettent de trancher rapidement et à faibles coûts l’énorme quantité d’informations qu’il nous faut traiter au quotidien. Il décrit avec son collègue les systèmes de pensée 1 et 2. Le système 1 est le pilote automatique, réfléchit mal mais vite, on fait le maximum avec ce qu’on a sous le nez. Cela fonctionne très souvent mais pas toujours. Il produit des interprétations du monde, des désirs et des impressions qui deviennent des croyances approuvées par le système 2 (p.99). C’est le système des émotions, produites automatiquement sans intention. Le système 2 lui est paresseux. Il donne des solutions aux problèmes. Il n’a pas accès directement à la mémoire.
La recherche en psychologie permet de comprendre pourquoi parfois nos choix sont au mieux idiots, au pire de véritables conneries. Nous sommes donc animés de différents biais, de scripts automatiques (heuristiques). Toutefois il faut noter, que ces biais sont des raccourcis, des courts-circuits hautement fonctionnels (p.86). Ils sont le reflet de notre habitude de penser au service de l’action, pas de la réflexion. En général, on détecte ces biais à postériori, il est presque impossible de s’en rendre compte au moment d'agir.
En conclusion
Là où le bât blesse, c’est que si nous imaginons raisonner ou faire changer le cons, nous sommes perdus : tout d’abord car le vrai connard, ne changera pas ; ensuite, si on s’estime le devoir de l’amender, nous nous retrouvons nous même connard prétentieux. On comprendra donc que l’ignorance n’est pas une connerie mais plutôt un puissant moteur de connaissance à condition que l’on comprenne qu’on ignore des choses et que l’on sache que nous sommes des êtres emplies d’erreurs et de biais. Alors, à quoi sert la connerie. Comme le souligne si habilement Pierre Lemarquis, la connerie est manifestement nécessaire au plan évolutif, autrement elle aurait déjà disparue. Comment les cons peuvent ils échapper à la sélection naturelle en étant si peu équipés ? Le con malgré sa dangerosité est absolument nécessaire pour la survie d’une société qui les chouchoutes et dont il est le ciment. Identifier un con semble être un marqueur d’identification ou d’appartenance sociale. En le montrant du doigt, je peux me faire des amis, une communauté, une place dans la société. Mais quel intérêt à agir stupidement ? Ne peut on pas y voir un manque de contrôle émotionnel, l’illustration parfaite de nos biais ? Jusqu’où peut aller la connerie, jusqu’à quel point peut elle proliférer sous l’impulsion des plateformes technologiques qui semblent avoir été conçues pour l’exploiter ?
Quelques citations choisies
"La connerie est une promesse non tenue, promesse d’intelligence et de confiance trahie par le con, traître à l’humanité."
"Le doute rend fou, la certitude rend con."
"Si vous vous croyez plus intelligent ou au-dessus de la moyenne, le diagnostic fatidique n’est pas loin : vous êtes un porteur sain de la connerie qui s’ignore."
"En musique, il faut bien un bruit de fond pour que la mélodie apparaisse. De même, la connerie n’est plus qu’un bruit de fond permettant d’acquérir un peu de sagesse."
"Telle une malédiction, tentons d’améliorer le con, non seulement nous échouerons mais il en ressortira renforcé, avec un allié de plus, nous-mêmes, la connerie étant malheureusement contagieuse."
Adelphiquement vôtre.
Quelles sont les différentes classes de connard ? (p. 33) Quels degrés pour la bêtise ?
Au jeu des 7 familles de la connerie, le livre semble amener une proposition de classification par degré de stupidité.
L’arriéré, le débile, l’idiot, le bête, l’imbécile – Il s’agit de la bêtise pesante au bas de l’échelle. On parle de manque d’intelligence ici, de QI sous la moyenne (Alfred Binet et Théodore Simon, initiateur du test de QI). Au passage les mots débiles et arriérés sont abandonnés aujourd’hui au profit de « handicap » ou de « retard ». Nous trouvons également dans cette catégorie l’idiot du village. Grand naïf, toujours gentil et souriant, symbolisé dans la culture pop par le personnage de Simplet (Blanche Neige et les 7 nains).
Les Beaufs – Ils sont bêtes, méchants, racistes, et égoïstes, sans nuances, obtus, binaires. Si l’idiot du village était bête et gentil, le beauf est la synthèse de la bêtise et de la méchanceté. Il prend des boucs émissaires (les migrants, les noirs, les arabes) pour expliquer ses problèmes.
Le connard intelligent – L’intelligence n’évite pas le risque, au contraire, elle peut contribuer à la connerie en mettant dans le crâne de l'élu qu’il est au dessus de la mêlée. Le con malin est celui qui dans un domaine se considère comme supérieur au autres. Il use de sophisme et heuristique sans s'en rendre compte mais n'est pas pour autant dénué de culture dans le champs qui l'intéresse. Il utilise la validation subjective et les biais de confirmation de manière efficace et précise.
Le connard intégral – qui excelle partout, dans tous les domaines, qui frôle le génie, qui manie la perversion narcissique de main de maître. Ils sont rares, brillant, brutaux voire violent.
Comment devenir un connard ?
Sans apporter une réponse définitive, l’ouvrage semble mettre en cause le passage à l'âge adulte. Les enfants semblent dépourvus de conneries qui apparaît par petite touche à l’adolescence pour se pérenniser à l’âge adulte. Toutefois, devenir un connard n’est pas la même que de jouer au con, qui peut d’ailleurs s’avérer bien utile socialement ou pour abuser du con, du vrai. Quelques conseils toutefois sont distillé ici et là pour devenir plus con. Renforcer ses certitudes, vivre en autarcie dans le même champ social et professionnel, donner son avis sur tout, surtout sur ce que l’on ne connait pas. J’ai ici la certitude que le débat maçonnique peut éviter cela… ou suis-je déjà en train de sombrer…
Comment s’en immuniser ?
A la question peut-on changer un connard, les différents auteurs semblent malheureusement pessimistes. Le connard est souvent tellement retranché dans sa connerie qu’il ne changera pas (p.48). Peut être à l’orée d’une crise existentielle éventuellement ou d’un accident, il peut se ressaisir un peu. En tout état de cause, il vaut mieux ne pas s’en mêler (Aaron James). Certains argueraient qu’une intelligence élevée nous immunise de la connerie. Thalmann, en milieu d’ouvrage explique que stupidité et intelligence n’ont absolument rien à voir. On peut être intelligent, voir haut potentiel, et pour autant faire des choses idiotes. Tout cela dépend en réalité de nos biais (voir après), auxquels même les plus « malins » d’entre nous sont exposés. Alors que faire ? Développer son esprit critique ? De la même façon, la pensée critique n’est pas l’intelligence, la pensée critique est une façon de surmonter toutes sortes de biais cognitives et préjugées mais elle n’est jamais parfaite.
Donc, si on ne peux pas éviter la connerie, peut être pouvons nous au moins vivre avec elle en toute sérénité : L’acceptation inconditionnelle de soi, la méditation pleine conscience et l’auto-compassion (p.359) peuvent nous aider à cela. L’objectif est en nous acceptant sans réserve et sans condition de devenir plus résilient à nos conneries.
Au final, un moyen possible pour se prémunir de la connerie serait d’améliorer sa culture. Plus on est cultivé, plus on a accès à des idées complexes et plus on se protège nous-même de notre bêtise.
Le biais et la connerie.
Nous sommes victimes au quotidien de nombreux biais et sophismes. Nous ne sommes ni logiciens, ni statisticiens naturels, très mauvais avec le hasard. Daniel Kahneman (prix Nobel d’économie) a mis en évidence les raisonnements intuitifs que nous mettons en œuvre au quotidien : les heuristiques. Une heuristique est une déduction automatique et approximative mais pas forcément fausse. Ces systèmes nous permettent de trancher rapidement et à faibles coûts l’énorme quantité d’informations qu’il nous faut traiter au quotidien. Il décrit avec son collègue les systèmes de pensée 1 et 2. Le système 1 est le pilote automatique, réfléchit mal mais vite, on fait le maximum avec ce qu’on a sous le nez. Cela fonctionne très souvent mais pas toujours. Il produit des interprétations du monde, des désirs et des impressions qui deviennent des croyances approuvées par le système 2 (p.99). C’est le système des émotions, produites automatiquement sans intention. Le système 2 lui est paresseux. Il donne des solutions aux problèmes. Il n’a pas accès directement à la mémoire.
La recherche en psychologie permet de comprendre pourquoi parfois nos choix sont au mieux idiots, au pire de véritables conneries. Nous sommes donc animés de différents biais, de scripts automatiques (heuristiques). Toutefois il faut noter, que ces biais sont des raccourcis, des courts-circuits hautement fonctionnels (p.86). Ils sont le reflet de notre habitude de penser au service de l’action, pas de la réflexion. En général, on détecte ces biais à postériori, il est presque impossible de s’en rendre compte au moment d'agir.
En conclusion
Là où le bât blesse, c’est que si nous imaginons raisonner ou faire changer le cons, nous sommes perdus : tout d’abord car le vrai connard, ne changera pas ; ensuite, si on s’estime le devoir de l’amender, nous nous retrouvons nous même connard prétentieux. On comprendra donc que l’ignorance n’est pas une connerie mais plutôt un puissant moteur de connaissance à condition que l’on comprenne qu’on ignore des choses et que l’on sache que nous sommes des êtres emplies d’erreurs et de biais. Alors, à quoi sert la connerie. Comme le souligne si habilement Pierre Lemarquis, la connerie est manifestement nécessaire au plan évolutif, autrement elle aurait déjà disparue. Comment les cons peuvent ils échapper à la sélection naturelle en étant si peu équipés ? Le con malgré sa dangerosité est absolument nécessaire pour la survie d’une société qui les chouchoutes et dont il est le ciment. Identifier un con semble être un marqueur d’identification ou d’appartenance sociale. En le montrant du doigt, je peux me faire des amis, une communauté, une place dans la société. Mais quel intérêt à agir stupidement ? Ne peut on pas y voir un manque de contrôle émotionnel, l’illustration parfaite de nos biais ? Jusqu’où peut aller la connerie, jusqu’à quel point peut elle proliférer sous l’impulsion des plateformes technologiques qui semblent avoir été conçues pour l’exploiter ?
Quelques citations choisies
"La connerie est une promesse non tenue, promesse d’intelligence et de confiance trahie par le con, traître à l’humanité."
"Le doute rend fou, la certitude rend con."
"Si vous vous croyez plus intelligent ou au-dessus de la moyenne, le diagnostic fatidique n’est pas loin : vous êtes un porteur sain de la connerie qui s’ignore."
"En musique, il faut bien un bruit de fond pour que la mélodie apparaisse. De même, la connerie n’est plus qu’un bruit de fond permettant d’acquérir un peu de sagesse."
"Telle une malédiction, tentons d’améliorer le con, non seulement nous échouerons mais il en ressortira renforcé, avec un allié de plus, nous-mêmes, la connerie étant malheureusement contagieuse."
Adelphiquement vôtre.
Commentaires
Enregistrer un commentaire