La pluralité des cultures fait-elle obstacle à l’unité du genre humain ?

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Hier nous étions le 17 juin. 

Difficile d'échapper ce jour à l'évocation d'un évènement majeur dans la vie de toutes et tous. Que ce soit à la radio, dans les journaux, sur le net ou bien encore à la télévision, il paraît impossible de passer à côté de cette date fatidique, ce moment exquis qui est l'épreuve du Baccalauréat. L’épreuve de philosophie trône classiquement en première position du marathon qu'attend les bacheliers. Souvenir ému pour moi que ce moment où l'on découvre les trois sujets, en se demandant que traiter et comment le traiter pour finir par n'être sûr de rien, jusqu'au moment fatidique des résultats.

Un sujet proposé aux sections scientifiques aura particulièrement attiré mon attention :  La pluralité des cultures fait-elle obstacle à l’unité du genre humain ?


Pourquoi cet intérêt ?
Personnellement, je ressens dans mes discussions avec mon entourage une crispation sur la question de la différence culturelle ou plutôt de son versant religio-dogmatique. D'autre part, apparaît en filigrane deux idées maçonniques prégnantes : la laïcité ainsi que l'universalité. Voici quelques petites réflexions personnelles sans prétention aucune sur un sujet qui pourrait largement être débattu en loge.


Il convient selon moi au départ de déterminer ce qu'est une culture. Une culture est multi-facette et elle permet de construire l'identité d'une personne mais également de l'assimiler à un groupe social. Elle touche ainsi à mon sens à bien des domaines et se trouve être relativement transversale : l'éducation, la science, l'histoire, la justice mais également le système de morale et la religion. Ce kaléidoscope fait de nous à l’échelle planétaire à la fois des exemplaires uniques mais également des membres d'un groupe social que nous reconnaissons et qui parfois nous reconnait... ou pas...


Comment faire lorsque malgré nos similitudes, notre groupe social, nos congénères ne nous reconnaissent pas pour tel. A partir de quel moment avons nous la même culture, combien faut-il partager pour cela. Croire au mêmes dieux n'est parfois pas suffisant pour un peu que vos parents ne soit pas nés dans ce pays qui est le vôtre. Se pose ici la question de l'identité. Cette identité, qu'elle est elle? Au niveau individuel, il s'agit de notre histoire, de nos convictions, de notre éducation en somme de notre culture. Au niveau du groupe, définir une identité est bien plus complexe. Raisonnons par exemple sur le cas français. Pour ma part, je n'oublie pas que "l'histoire" française, qui au passage ne constitue qu'un pan de la culture, est parsemée de changements, à grands coups de guerres et d'éradications des peuples et des idées. Du coup, peut-on dire que nous sommes historiquement judéo-chrétiens? Pourquoi faire remonter l'histoire à 2000 ans de cela où la religion gauloise était un état de fait ? Et puis dire "nous sommes chrétiens car c'est la majorité" est-il un argument recevable. D'autant que chaque année, du terrain est perdu au profit de l'athéisme ou des autres religions. Pourquoi refuser à un.e musulman.e son appartenance à "la culture française" alors qu'ielle est né.e en France, qu'ielle travaille et cotise en France, qu'ielle à toutes les raisons de dire, je suis Français.e, tout autant que vous, ma culture est Française. Nous avons cette chance d'avoir en France cette laïcité, leitmotiv du combat maçonnique, résolument ancré de la progressisme, qui se veut garde-fou des excès des religions.


La situation migratoire dans laquelle nous nous trouvons, est non seulement un défi humain, ces pauvres gens ayant traversés de multiples embûches pour en arriver là, mais également un défi culturel. Si la culture est mouvante, les changements inhérents à l'histoire ne se font pas sans crispations surtout s'ils sont aussi rapides. Le discours clivant, intolérant et inhumain des extrémismes de tout bord (mon regard porte tout de même bien à droite) se charge à coup de fake news et de manipulations parfois habile, de nourrir une peur que je ressens de plus en plus palpable.


Néanmoins, reconnaissons tout de même que la culture, si elle est protéiforme peut aussi être clivante à bien des égards. La liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres. Peut on appliquer cette maxime à la culture ? En un sens, ce n'est pas tant la diversité culturelle qui pose problème mais plutôt l'intolérance de l'autre. Évidemment, nous avons toutes et tous en têtes des épisodes, qui sont selon moi des épi-phénomènes. Cette tolérance de l'autre, de son histoire et de sa culture invite au devoir de vigilance, notamment sur les droits fondamentaux de tout être humain. Peut on justifier par une culture ou des coutumes l'excision, le cannibalisme, l'esclavage ou encore le viol. Je pense que c'est là que s'arrête l'acceptation.


Qu'en est il donc de l'unité du genre humain ? En maçonnerie, nous aimons la notion d'universalité, de connexion invisible entre frères et sœurs du monde. L'obédience Droit Humain International va encore plus loin dans cette notion. Le genre humain est uni par sa génétique d'espèce, et quelque soit les frontières, animé d'un sentiment d'humanisme, de collectif. J'ai un souvenir amusé qui me revient en posant ces lignes. Disneyland Paris, chantre du capitalisme et du fake world carton pâte, abrite en son sein une attraction dénommé "It's a small world". Sur un bateau rempli de touristes du monde entier, nous cheminons au rythme d'une célèbre chanson qui s'imprime dans nos têtes. Nous admirons ces marionnettes qui se présentent par pays avec us, coutumes et culture pour parvenir dans une dernière partie de l'attraction à une symbiose totale de tout ces petits personnages, que nous pouvons reconnaitre mais qui poursuivre leur danse ensemble.


La culture est composite, elle est mouvante, elle évolue au gré des évènements de vie à l’échelle de l'individu mais également à l’échelle du groupe. Loin de nous éloigner, elle pourrait nous unir, dans la diversité, dans le partage de nos expériences et de nos connaissances, sous couvert d'une tolérance et d'un bienveillance mutuelle.


Adelphiquement vôtre.

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