La paternalisme - Partie 1 - Rappels historiques.

 SPOILER ALERT :   PROFANE    apprenti    compagnon    maître






Je vous propose une petite série en 4 parties sur le paternalisme. 


Commençant par une définition : qu’est ce que le paternalisme ?


Le paternalisme est définit comme « l’interférence d’un État ou d’un individu avec une autre personne, contre sa volonté, et justifiée ou motivée par la croyance qu’elle s’en portera mieux ou qu’elle sera protégée d’un mal. » 


La définition supporte deux modalités distinctes :

  • D’un côté l’attitude adoptée consistant à limiter la liberté d’individus pour leur bien, comme le ferait un père avec ses enfants. Les concept d’autorité et d’influence y sont rattachés de même que les concepts de recherche de dépendance mais toujours avec le soucis du bon, et du bien.


  • De l’autre, il évoque la notion de rapport social réfléchi appliqué dans le monde du travail selon laquelle les rapports entre dirigeants (qualifiés de « patrons ») et ouvriers doivent être régis selon les règles de la vie familiale. Dans ce cadre, le paternalisme est associé aux notions d’autorité, à la logique du contrôle et au système des récompenses, nous sommes en plein dans la théorie comportementaliste pavlovienne.


La démarche paternaliste peut s’entendre pour les personnes ayant perdu leurs capacités de discernement, suite à un handicap par exemple ou alors une fragilité intellectuelle. Elle est également défendable lorsqu’un âge est inadéquat à la sécurité attendue. Pensons donc aux enfants qu’il convient de protéger ? 


Mais pour tous les autres , qu’en est il ? Ou est passé la liberté de se nuire à soi-même  ?


La paternalisme comprend plusieurs variantes allant de l’ingérence dans la vie personnelle par l’entreprise, l’état providence, le paternalisme en santé ou plus sournois dans sa variante moderne, le « nudge » qui suinte le neuro-marketing. 


Je vous propose une petite escapade autour de trois styles différents. Nous verrons ainsi qu’il pas facile de trancher la question : un paternalisme est il nécéssaire ?




Parlons un brin du paternalisme économique aussi appelé paternalisme d’entreprise.


Retournons donc au XIX siècle, où Frederic Le Play théorise le paternalisme d’entreprise. En ces temps que certains présenteraient de reculé, le turnover dans les entreprises est important, dépassant un dixième des effectifs ce qui rend difficile la pérennité des entreprises et la gestion du quotidien. 


Inspirée du patronage une pratique très ancienne de l’église qui consiste à détourner les enfants des classes laborieuses du vice, le paternalisme économique est une alternative au patriarcat pré-industriel. A la manière de renforcements positifs pavlovien, on est en plein dans l’époque, les politiques paternalistes visent à privilégier les récompenses pour bonne conduite et proposent de nombreux avantages aux salariés afin de favoriser le travail en limitant l’absentéisme et les démissions. 


Ainsi, une compagnie paternaliste, se permet une ingérence dans tous les aspects de la vie privé de ses travailleurs : en fournissant des logements, une éducation, une protection sociale et des loisirs. Et c’est là où le piège se referme, car sous tous ces atours, un biais du cerveau humain est exploité - le statut quo. Ainsi, le départ de l’ouvrier lui est rendu coûteux par l’offre d’avantages suffisants pour que le coût d’opportunité de son départ soit dissuasif. La patron endosse l’éducation de moralisation et de protection de ses ouvriers sur tous les aspects de la vie pour la paix sociale, et en sous-titre, prévenir la lutte des classes.


Un des exemple les plus notable est l’entreprise Michelin, qui applique dans les années 1920 un paternalisme économique manifeste. En concurrence avec divers entreprises du secteur, Michelin décide de se développer en s’appuyant sur la création de logements pour ses ouvriers. Cela permet notamment de les cantonner dans des lieux loin des villes, où ils risqueraient de rencontrer des gens instruits. En effet, en ces temps obscurs, le patronat a peur des motivations anti-capitalistes naissantes.


Un exemple fameux parmi d’autres est le quartier de la plaine à Clermont-Ferrand : 1776 logements, 2 écoles primaires et une élémentaire, un dispensaire, un centre sportif… L’espace urbain ainsi construit sert à contenir et retenir la main-d’oeuvre au sein d’un espace contrôlable. Le temps des ouvriers et l’organisation fonctionnelle est contrôlé. On note toutefois l’absence de bar. Celle-ci n’a rien à voir avec la lutte contre l’alcoolisme. Elle est juste là pour éviter aux ouvriers de se réunir et de se syndiquer.


Point intéressant, Michelin se soucis également de la vie intime de ses ouvriers, vous avez bien entendu. La présence de chambres séparées entre enfants et parents, un luxe pour cette époque, permet de limiter les sorties masculines au bordel ou au cabaret. De même, les enfants ne traînent pas les rues, et la femme est éduquée à être une bonne mère et un bonne épouse. 


On voit ici tout le problème du paternalisme, il permet un certain progrès social, mais sape les libertés individuelles. En cherchant à conserver leur main-d’oeuvre, l’outil se transforme en instrument de contrôle. Loger les salariés les poussent à rester dans la compagnie sans quoi ils perdent leur toit. 


A suivre...


Le paternalisme : 

Partie 1 : Définition et rappels historiques

Partie 2 : Une Etat paternaliste ?

Partie 3 : Le Nudge ou paternalisme moderne

Partie 4 : Paternalisme et Franc maçonnerie


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