Planche Symbolique d'Apprenti - Le pavé mosaique
SPOILER ALERT : profane APPRENTI compagnon maître
Planche symbolique au premier degré
Le pavé mosaïque
Planche symbolique au premier degré
Le pavé mosaïque
Lors d’un voyage récent, j’ai pu me rendre au temple de Lille qui occupe avec prestance la rue de Thiers. Ce déplacement très symbolique pour moi, m’aura permis de découvrir le grand temple. Une architecture d’inspiration égyptienne, de hauts plafonds, une lumière bienveillante relevée par des murs d’un blanc immaculé. Cette visite loin de me laisser de marbre (vous noterez l’effort de style), m’aura marqué par la symbolique du lieu et du moment. Il s’agissait de mon premier voyage loin de mon orient habituel. J’étais comme un enfant, curieux et intéressé par tout ce que je pouvais voir. N’ayant pas tous les codes pour comprendre, certaines choses m’auront échappé. Toutefois, un élément m’aura marqué, le pavé mosaïque.
En effet, dans le temple que je fréquente, il n’y en a pas ; ou tout du moins il n’est pas disposé à même le sol. On le retrouve en revanche sur notre tableau de loge. Voici une planchette autour de ce symbole.
Le blanc et le noir
Les deux motifs prédominant ce pavé (d’ailleurs, au passage, le terme pavé est peut être encore une fois à ranger dans le champ lexical de la pierre) sont le blanc et noir. Pourquoi parler motif et pas couleur. Tout simplement car si ma mémoire ne me fait pas trop défaut, le noir symbolise l’absence de couleur, le blanc l’addition de toutes. Le noir, notre « côté obscur », pour paraphraser l’un des symboles mythiques de la « pop culture », le blanc notre part de divin (voilà que je jure), de lumière.
L’obscurité, le noir, ce sont peut être nos vices, nos scories dogmatiques, nos démons. Obscur, métaphore de la nuit qui ne cesse de hanter nos cerveaux reptiliens, souvenir des temps passés immémoriaux quand nous étions plus vulnérables. Cette nuit qui reste le ciment de nos cauchemars, de nos terreurs nocturnes d’enfants. Cette nuit où nous cherchons, quelques étoiles qui pourraient briller pour nous amener de l’espoir, de la lumière, le souvenir de nos frères et de nos amis, dans ce dais d’azur parsemé d’étoile. Mais le noir peut être aussi vu comme l’absence de quelque chose, l’absence de l’autre, l’absence de nous ; en un sens, ne nous perdons pas nous même parfois… de vue.
La lumière c’est l’espoir, la lumière c’est le jour, la lumière c’est la vie. Sa symbolique est si large que l’on pourrait y consacrer un livre. Le blanc en est sa représentation parfaite, son illustration habile. La direction qu’il faut suivre dans ce tunnel d’obscurité, là où il faudrait tendre. On y retrouve toutes les couleurs, toutes les vertus. Combien y en a t’il d’ailleurs, de vertus, peut on les compter ? J’aime assez la définition des vertus donnée par Comte-Sponville qui dit qu’une vertu est au centre de deux extrêmes, à la cime de deux flancs, un sommet entre deux vices, une ligne de crête entre deux abîmes. Ne sentez vous pas le 3 poindre le bout de son nez ici.
Sur le pavé, ces deux couleurs se lovent avec intimité. Elles sont collées l’une à l’autre, inséparables mais dissociées. Le contraste en est encore plus saisissant, deux opposés, deux étrangers qui se serrent les coudes. C’est une belle métaphore des sœurs et frères qui s’unissent, se reconnaissent, avec leurs différences, et leurs points communs. Le joint qui les unit est invisible, impalpable mais pourtant présent, puissant. Le blanc est le noir sont la thèse et l’antithèse, mais ensemble, ils forment une chose nouvelle, la synthèse. Synthèse que nous produisons en loge, après avoir échangés et confrontés nos points de vue. Ces frictions, cette alchimie, permet de faire sens, d’exister, par et pour les autres.
Durant le rituel un tableau de loge viendra recouvrir ce pavé. Il est comme un voile que l’on poserait sur les Sœurs et Frères. A l’image du tablier, il permettrait de cacher nos différences, pour ne former qu’un ? Je ne suis pas sûr de cela en réalité, car c’est par la différence que nous cultivons nos débats, que nous enrichissons nos échanges. Alors peut être qu’en mettant un voile, en posant un « tableau » par dessus, nous notifions le moment où véritablement, nous commençons notre travail. Ce voile nous impose à toutes et tous une retenue, dominer nos passions pour permettre des échanges fructueux.
On ne marche pas sur le pavé mosaïque, sauf peut être le Maître Expert lorsqu’il aura besoin de dérouler son tableau de loge. Il y a là une notion de sacré. J’ai pu remarquer qu’un motif similaire se retrouvait dans les églises. Une symbolique commune ? Encore un élément à creuser. Il n’est pas rare de trouver des points communs entre pratique religieuse, lieu de culte et maçonnerie. D’ailleurs, au départ, et dans certaines loges, la croyance en dieu est un pré requis. Les deux ont un rituel, une mise en conditions, des codes, un jargon, des valeurs et préceptes, mais également des meubles et une disposition caractéristique. Le travail reste somme toute différent, si dans la pratique religieuse, notre pierre est taillée par un guide spirituelle, nous sommes responsable de la taille de notre propre pierre en maçonnerie.
La forme de ce pavé est rectangulaire. Quatre coins, pour quatre voyages qui nous unissent tous lors de notre initiation, dénominateur commun de notre appartenance à l’ordre, de notre nouvelle naissance, accueilli par cette famille adelphique. Cette géométrie, pensée en angle droit, un rappel de la perpendiculaire, de la droiture, permet à ces pavés de fusionner les uns avec les autres de manière juste et parfaite, d’être sagement aligné, pas un ne dépasse, pas un n’est en retrait. Signe d’unité, une fois de plus, signe d’union encore, pour nos principes fondamentaux.
Quatre coins pour le voyage, trois points pour la vertu, deux couleurs pour la différence, une unité pour l’égrégore.
Adelphiquement vôtre.
Adelphiquement vôtre.
TCF, je découvre ton blog, j'aime beaucoup ce morceau d'architecture, l'essentiel est dit. Merci pour ce partage . Le pavé mosaïque est un symbole qui correspond trait pour trait à ma personnalité. En effet je suis du signe de la balance , aussi , je fonctionne entre l'ombre et la lumière, en Up and Down , mais je taille, encore et encore. Une maîtresse éternellement Apprentie GLFB .
RépondreSupprimerFraternellement. L.D.
Merci ma S:. pour ce commentaire que je découvre seulement maintenant (je n'avais pas activé les notification). Belle continuation. Adelphiquement.
SupprimerBonjour,
RépondreSupprimerTrès jolie planche. Merci pour ce partage.
Merci. Adelphiquement.
SupprimerSympa de donner l'adresse du temple de Lille, pourquoi ne pas donner aussi les noms et adresses de tous les maçons qui l'utilise. Tu devrais déjà "pierrequiroule" ne pas te retrancher derrière un pseudonyme et nous dire un peu qui tu es..........
RépondreSupprimerMerci pour ton commentaire bienveillant.
SupprimerCe temple est en effet une merveille classée aux monuments historiquex (https://fr.wikipedia.org/wiki/Temple_ma%C3%A7onnique_de_Lille). On peut retrouver des clichés ici (https://www.hiram.be/blog/2016/09/02/journees-patrimoine-a-lille/) et là (https://roubaix.maville.com/info/detail-galerie_-visite-de-la-loge-maconnique-de-lille-le-6-2-09-_2148_GaleriePhoto.Htm).
Pour ce qui est de mon anonymat, c'est avec une grande liberté que je répondrai que c'est un choix assumé.
Belle route à toi
Adelphiquement.