Humilité

 SPOILER ALERT :   PROFANE  apprenti compagnon maitre   

L'humilité





    Bien heureux celui ou celle qui prend le temps de réfléchir à son parcours... 


...à ses aspirations. Oserai-je tenter une réflexion philosophique sur les vertus, comme le propose Sponville dans son petit traité ? Commençons peut-être par une vertu nécessaire à l’un de mes travaux. Avant d’en faire la synthèse, j’aurai aimé poser ici ces quelques réflexions sur cette valeur tant recherchée.

 

    De prime abord, pourquoi l’humilité serait-elle un idéal à suivre ? En quel sens constitue-t-elle une vertu cardinale ? L’humilité ne renvoie-elle pas à la tempérance ? Ce qui est tempéré n’est il pas tiédasse ? Le salut se trouverait-il dans l’à peu près ou l’entre-deux ? Mieux, il se trouve peut-être dans la synthèse, la cime aristotélicienne entre deux gouffres, égocentrisme vaniteux et effacement bas et apathique. Ainsi, l’humilité pourrait être non pas une doucereuse propension, mais plutôt la démonstration qu’une médiane est possible.

 

    Être humble, c’est prendre conscience de ses propres limites et garder son propos pour soi, dans la plus grande sincérité possible avec soi-même. 

    Je parlerai ainsi d’humilité lucide, pas juste polie ou entendue, celle qu’on extériorise pour se vendre. Non, cette humilité-là s’autodétruit elle-même puisqu’au moment où elle est pensée et évoquée, elle en devient sa négation. De fait, l’humilité serait-elle une vertu secrète, inconnue de son utilisateur ? Penser qu’on est humble, c’est ne plus l’être ; donc, en un sens, elle se doit d’être un modèle et non une incarnation. C’est une vertu en devenir, mais pas un début ou un état, car dans ces conditions, elle disparait comme fumée. Sponville a une formule tout à fait entendue pour ce versant : L’humilité n’est pas le mépris de soi, n’est pas ignorance de ce qu’on est, mais plutôt connaissance de tout ce qu’on n’est pas.

 

Ainsi, si elle est un devenir, comment la viser et l’incarner ? Je vois comme ça trois points, qui permettront peut-être de s’approcher de cette vertu.

 

    Tout d’abord et avant tout, ne pas penser qu’on l’a atteinte. 

Être humble, c’est aimer la vérité plus que soi. Que venons-nous faire en loge ? Chercher la vérité, bien sûr, s’en approcher au plus près tout en gardant ce recul nécessaire à la marge d’erreur. Ne jamais se satisfaire de nos présomptions, poursuivre la recherche sans en être rassasié, c’est peut-être ça le secret.


    Ensuite, garder à l’esprit qu’il faut avoir conscience de ses faiblesses, pas au sens funeste, mais au sens noble. 

    Ce que je ne sais pas, ou je ne suis pas, me laisse la chance d’être meilleur et de faire mieux. Comme le dit Spinoza, une tristesse née de ce que nous considérons notre impuissance ou notre faiblesse. Notre incapacité justement à nous rapprocher du juste et du vrai. Un sentiment de déception de soi, de ne pas être capable d’être ce que nous devrions. C’est là encore un appel au travail, et c’est en ça que l’humilité est vertu, elle s’oppose à la suffisance et à la satisfaction de soi. Complaisance malsaine que la fatuité discrète qui impose un statu quo dans la transmutation personnelle. Pensons aux apprentis appelés à travailler sur eux, VITRIOL, symbole d’une humilité du degré. Ils et elles sont une leçon permanente pour nous, nous appelant à sans cesse nous remettre en question tout en conservant cette beauté innocente de celles et ceux qui découvrent. Il nous faut ainsi être miséricordieux sur nous-mêmes, notre parcours maçonnique ne nous absous pas de nos erreurs, ni de nos efforts. Un cordon n’est rien, il est porté par chacun·e d’entre nous, et ma courte expérience maçonnique m’aura apprise que le nombre d’années n’y fait rien, les plus sages d’un jour peuvent devenir les moins appliqués de demain dans leur coup de ciseau. Les aspérités, c’est comme la rouille, ça revient si on n’utilise plus son ciseau. Quelques coups bien placés, réguliers et constants sont immuablement nécessaires.

 

    Enfin, lisser son égo en restant à distance des critiques personnelles. 

Les accords Toltèques m’aident un peu, et ici, je pense instantanément au premier ; que ta parole soit impeccable, mais aussi au second ; ne rien prendre personnellement. Ainsi, ce n’est pas être sourd à la critique, mais plutôt, l’accueillir avec tendresse, sans rancœur.


 

« L'humilité, c'est l'athéisme à la première personne : l'homme humble est athée de soi, comme l'incroyant l'est de Dieu »

André Comte-Sponville

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