Planche Symbolique d'Apprenti - Je ne sais ni lire ni écrire.

SPOILER ALERT :   profane    APPRENTI    compagnon    maître





Je ne sais ni lire, ni écrire. 

Ces mots symboliques ont semble t’il un impact important sur l’apprenti et pas qu’en apparence. Cette phrase interroge sur deux termes qui paraissent indissociables. Il faut pourvoir lire pour écrire et on ne peut pas écrire sans avoir appris les lettres donc la lecture. Autrement ce serait dessiner, tracer des traits et des figures. Ce qui ne serait pas non plus vide de sens, mais si sens il y avait, on parlerait tout de même d’écriture (dixit celui qui est en train d’écrire dans un train qui le mène à Sens).

D’un point de vue historique

Je m’imagine qu’en remontant à l’époque de la maçonnerie opérative, la lecture et l’écriture n’était pas accessible aux personnes non éduquées. Les compagnons aguerris avaient besoin d’écrire, de tracer les plans des cathédrales. Ainsi, ils recevaient de nouveaux apprentis illettrées et faisaient leur éducation. Mais outre cette remarque historique, je m’en vais V.I.T.R.I.O.L.er un peu pour faire plaisir à mon très cher surveillant qui nous seconde. Mon raisonnement analytique imparable m’aura permit de concevoir deux notions : La lecture et l’écriture.

Que représente la lecture pour moi?
La première chose qui me vient à l’esprit est le plaisir. J’aime lire, cela me transporte, cela m’inspire, cela me donne un cap pour mes réflexions. Lire c’est décrypter, c’est se saisir de l’impalpable. Entrevoir le caché, peut être le comprendre. J’ai un souvenir ému de l’apprentissage de la lecture. Il me reste quelques bribes de ces temps anciens. Sur ces grandes fiches cartonnées qui nous été présentées, les lettres formaient des mots, un pictogramme nous aidait à reconnaître le paquet signes. Coïncidence mnésique, il me revient avec précision deux mots : soleil et maison. La lumière m’est limitée pour le moment et un soleil se trouve à l’est de ma maison, il m’éclaire en tout temps pour me montrer la voie dans une tradition toute orale.

Si l’apprenti ne sait pas lire, c’est qu’il ne sait pas décoder.

C’est qu’il doit observer, pour s’enrichir. C’est aussi qu’il doit se concentrer non pas sur l’extérieur des choses, le visible, mais sur l’intérieur, le caché. L’introspection personnelle, le façonnage de cette matière brute, ne s’offre qu’aux travailleurs initiés.

Ne pas savoir lire c’est peut être aussi l’invitation à ne pas lire. 

Comment construire sa propre réflexion sans biais extérieurs. Grâce aux mots et signes, étymologiques pour le coup, j’ai accès au savoir. Au début de mon parcours, je m’étais juré de ne rien lire, puis très vite, j’ai eu envie de comprendre. J’ai pu consulter des ouvrages maçonniques qui ont étanchés ma soif. Puis vint le moment tant redouté d’écrire sa propre planche. Comment résister à l’envie de consulter des planches quand on doit travailler la sienne ? Une nouvelle épreuve, résister à la tentation. Faire son propre travail de réflexion demande de la discipline.

Le paradoxe, c’est que je ne suis pas censé écrire... 

...et que, c’est en écrivant ces lignes, que je construits et structure ma réflexion. Je m’éloigne de cette tradition de l’oralité, où l’instant se retrouve hors du temps, sans laisser de traces ailleurs que dans nos mémoires. L’écrit permet de stocker la connaissance ou la rendre accessible à autrui. Les moines copistes l’avaient bien compris, contrôlez l’écrit et vous contrôlerez le monde. Contrôler l'écrit c'est maitriser l'information : Big Brother n'est pas loin, Georges si tu m'entends. Est-ce un message à l’apprenti que je suis pour lui rappeler ses engagements au secret ?

Il me vient un comparaison bien heureuse... 

...un apprenti c’est comme un nouveau- né, c’est tout beau, fragile et pas toujours sage. Ça s’émerveille de tout avec innocence. Ça découvre et ça se questionne. Ça ne sait pas parler, encore moins lire ou écrire. Les similitudes s’arrêtent peut-être là où le silence commence. Silence que certains bébés s’accordent le droit de briser, même quand on ne leur a pas donné la parole. 

Dans ce monde qu’il découvre sans tout comprendre, l’apprenti qui ne sait ni lire ni écrire, a la chance de pouvoir se questionner et de s’enrichir de ses frères et sœurs qui lui montrent la voie. Par l’expérience des ses rencontres, il va se forger un savoir par lui même, tel le berger alchimiste du roman de Cuelho, lecteur avide, mais qui aura besoin d'autre chose pour trouver sa voie.

Alors s’il ne sait qu’épeler, l’apprenti maçon maçonne t’il juste ? 

Doit on y voir un perroquet soumis ou un éclat brut qui apprend l’humilité ? Épeler ce n’est pas répéter, c’est présenter les choses de manière hachée scandée, mais toujours guidée par le frère terrible qui en nous donnant la première lettre nous aide à retrouver le mot, à rassembler ce qui est épars. Devant cette multitude de symboles et de concepts, une aide fraternelle est toujours la bienvenue.

Adelphiquement vôtre...

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