Impression de compagnonnage.

 SPOILER ALERT :   profane   apprenti   COMPAGNON   maître



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Déjà 5 ans, Impression d’un compagnon





Quelques pensées fugaces au moment de changer de grade…


De la même façon qu’il y a 2 ans, je me questionne maintenant sur ce que m’aura apporté ce grade de compagnon avant le grand saut. Il est important, je crois, que je pose ici ces quelques observations. On oublie tellement vite, on passe facilement à autre chose. Avec cette difficulté de rester sur la symbolique et la discrétion qui sied à ce blog que je souhaite certes public mais aussi respectueux des secrets des rites de passage.



La parole…


Il n’est un mystère pour personne, que la parole prend tout son sens durant ce grade. Mon métier, c’est de parler, et j’avoue que j’attendais avec impatience de pouvoir m’exprimer pour enrichir les tenues, participer à la construction de la pensée créative, rendre ce que l’on m’avait donné. Comme un enfant déballant trop hâtivement son jouet, qu’il a tant désiré, le casse dans la précipitation, mes deux premières prises de parole se sont soldées par des erreurs. La première où j’ai donné mon avis avant un vote et durant laquelle je me suis fait reprendre par un maître avec bienveillance, la seconde lors d’une prise de position dont j’ai honte maintenant. 


Je suis quelqu’un de pressé (toujours). Quelqu’un de sérieux (qui se prend aux sérieux). Quelqu’un qui regrette (beaucoup, ce qu’il vient de dire). C’est deux prises de parole auront été l’illustration de mes scories et donc de merveilleuses occasions de m’observer dans le miroir. 


J’ai tenté à chacune de mes bordées d’amener quelque chose en plus de ce qui avait été dit, avec ce soucis de parler le moins longtemps possible. Pourquoi ? Par respect pour mes frères et mes soeurs, car il n’est nul besoin de faire de l’esbroufe quand on veut énoncer ses propos. Lorsque je souhaite parler, j’essaie d’attendre mais le naturel revient vite au galop, et je finis par me manifester dans les premiers. Quand j’ai enfin terminé de livrer mes pensées, je regrette souvent comment j’ai formulé mes propos. Pourtant, il nous est sans cesse rappelé que chacun et chacune ne doit effectuer sur lui ou elle même la moindre censure. On ne se refait pas.


Au final, et c’est exactement ce que j’avais pensé lors de mon accession au second degré, l’apprenti à cette beauté du débutant, du « découvrir », et le silence en cadeau qui limite les états d’âme. Si la frustration peut être un fléau, elle reste intérieure et ne s’étale pas auprès d’autrui. Elle est source de travail personnel, questionnement endogène et nous aide à progresser. La parole toutefois, une fois qu’elle a été dîtes est jetée en pâture et ne peut être retiré. Ex nihilo, elle vit mais ne meurt pas, tout du moins persiste dès lors que quelqu’un sent souvient. Comme une pâte à dentifrice sortie du tube, il est impossible de la remettre à l’intérieur. Ainsi, cette énergie des mots tournée vers les autres constituent véritablement un acte opératif, peut être le premier du parcours de maçon puisqu’inédite.


Les regrets persistants que je ressens après chacune de mes prises de paroles constituent sans doute un belle aspérité de ma pierre à travailler. D’une part, cela montre qu’il convient d’assumer ses propos si on décide de les rendre public. D’autre part, d’accepter l’imperfection qui nous caractérise tous, même si nous cherchons à faire de l’aphorisme « juste et parfait » notre catéchèse.



Mes instructions


J’ai eu une chance inouïe dans mon parcours maçonnique. La chance d’avoir des surveillant·es exemplaires, une jumelle (après en avoir perdu une au passage) incroyable, des frères et soeurs qui m’ont toujours encouragés dans mes écrits, mes questionnements et mes engagements. Cela pourrait sembler politiquement correct d’un point de vue profane mais s’il y a une chose qui ne peut s’accomplir seule, c’est bien le chemin des 3 points. Si la maçonnerie revêt pour moi une portée très personnelle, dans le sens du travail avant tout sur soi, il est évident que je n’en serai pas là si j’avais erré solitaire sur le chemin.


Ces instructions au grade de compagnon auront été particulièrement opérative avec la construction d’un élément central de notre loge, et qui restera probablement aussi longtemps que la loge vivra. Merveilleuse idée que notre soeur 1er Surveillant d’avoir porté ce projet qui me laissera des souvenirs impérissables de la conception à la construction à multiples mains ; de l’émotion lors de son dévoilement à la fierté d’avoir pu apporter à la communauté.


S’il est vrai que la pandémie aura entravée une partie de nos réunions, nous avons toujours pu conserver grâce aux efforts mutuels et à la cohésion une « continuité des soins » maçonnique. 



Mes planches, mon travail…


Malgré le boulevard dégagé par le confinement, je n’ai pas atteints l’objectif que je m’étais fixé, à savoir travailler chacun des voyages via une planche. Il m’en aura manqué trois. Je garde en tête un sentiment d’inachevé qui fait que c’est avec certitude que je m’engage à m’y coller. Le grade est d’une complexité inouïe et il me paraît bien impossible d’en faire le tour. Toutefois, je crois qu’ébaucher un travail sur chacune des thématiques est un minimum. D’autant que, par ailleurs, il permet à celui ou celle qui s’y engage de développer culture, curiosité et recherche de vérité. 


Je garde toutefois une petite fierté concernant ma planche sur la pierre cubique à pointe. J’avais prévu de proposer un travail sur la parole pour mon passage mais j’ai opté pour cette histoire d’équerre se construisant au gré des rencontres. C’est lorsque je l’ai prononcé en loge, que j’ai saisis la portée symbolique des mots couchés presque machinalement. Le pensée c’est une chose, mais le dire s’en est une autre. Cela ma permis de mettre tout le sens à cette étape, en mêlant le caché, le conte, le mythe et l’aventure, quintessence du grade pour moi.



Pour finir…


Quelle claque ce grade, si près mais si loin. Plus j’y pense, plus je me dis que nous avançons en un sens trop vite en maçonnerie. A peine le temps de s’imprégner que je me projette déjà dans la prochaine étape. 


Mais en y repensant, je crois qu’à titre personnel, je fonctionne ainsi, à regarder au délà sans faire attention au paysage qui m’entoure, au chemin. 


Point crucial ici : doit-on lutter contre soi-même, et faire avec pour aller plus loin… je n’ai pas la réponse et je m’arrange bien avec chacun de ces principes lorsqu’ils se présentent à moi.


Continuons donc notre route, sans trop de regrets, juste un peu pour se rappeler que les scories tombées à nos pieds ne demandent qu’à s’amalgamer de nouveau.










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